De quoi ça parle ?
Partiellement autobiographique, My Love Affair With Marriage retrace l’histoire de Zelma. Enfant dégourdie bercée par les contes de fées, ado’ complexée écrasée par le regard des autres, femme confrontée à sa propre féminité… Depuis son plus jeune âge, on lui répète que le grand amour réglera tous ses problèmes. Mais s’il en était finalement la source ?
Portrait de jeune(s) fille(s) en feu
Loin d’être isolé, le parcours de Zelma (doublée par Dagmara Dominczyk) est celui de nombreuses femmes, à commencer par la réalisatrice Signe Baumane. “J’ai été mariée deux fois et mes deux mariages se sont effondrés de manière spectaculaire, raconte-t-elle. [...] J’ai voulu montrer comment les structures sociales et les hiérarchies se reflètent dans les connexions nerveuses, et l’alchimie qui se produit quand on tombe amoureux ou qu’on cesse de l’être. En articulant mon histoire personnelle autour de découvertes scientifiques, j’espère aider les femmes à examiner leurs propres relations intimes.”
C’est que dans My Love Affair With Marriage, l’amour est avant tout une affaire de chimie. Alors que Zelma s’éprend des garçons et assimile son expérience aux contes qui l’ont bercée, sa petite voix intérieure, une narratrice nommée Biologie, expose avec clarté les coulisses hormonales du processus. Le grand amour et l’âme sœur deviennent donc des sujets d’exposés scientifiques façon C’est pas sorcier où le système limbique, les connexions neuronales et le cortex cérébral remplacent le traditionnel lexique amoureux.
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Si le décalage entre le romantisme du fantasme et la réalité biologique paraît de prime abord comique, il s’avère plus qu’instructif et se mêle avec brio au questionnement social soulevé par Signe Baumane. Car à la source de tous ces bouleversements hormonaux se trouve un cerveau, au centre d’une véritable tempête d’informations et de codes à suivre. “Quand elle est enfant, Zelma pense qu’elle est l’égale des garçons. Mais pour gagner l’attention d’un garçon qui lui plait, elle doit se transformer en une version plus faible et plus soumise d’elle-même. Sa mère insiste pour lui inculquer que sa virginité est son plus grand atout, et que la valeur d’une femme se mesure uniquement à son mari et à ses enfants.”
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Avec My Love Affair With Marriage, Signe Baumane cherche bien une réponse à ses questionnements : une femme peut-elle se soustraire aux normes socio-historiques et trouver l’épanouissement sans homme, pour ce qu’elle est ?
La diversité célébrée jusque dans la réalisation
Telle une œuvre d’art total, My Love Affair With Marriage navigue entre tous les genres pour toucher du doigt l’universalité. L’animation, d’abord, est un étonnant pot-pourri de dessin fait main et de stop-motion sur fond de décors naturels (en prises de vues réelles). Le trait de Signe Baumane évoque celui de l’illustrateur Maurice Sendak et puise ses ingénieuses références dans les plus grandes œuvres de la littérature jeunesse.
À cette animation originale s’ajoutent des séquences musicales décalées, souvent rythmées par les voix de trois Sirènes tout droit venues de la mythologie antique. Ce chœur féminin, issu de l’imagination de Zelma, résonne comme l’écho des normes sociales qui lui sont rabâchées depuis son enfance. “Le trio chantant pose des règles pour Zelma : pourquoi elle doit se marier, comment prendre soin de son mari… des règles qui entrent souvent en conflit direct avec les lois de son propre corps.”
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Outre ces séquences souvent drôles et ironiques, les oreilles des spectateurs sont également bercées par des voix familières en version originale. Celle de Dagmara Dominczyk (The Immigrant, Succession) d’abord, mais aussi celle de Cameron Monaghan (Shameless, Gotham) ou encore Stephen Lang (Avatar). Une symphonie d’interprétations toutes plus justes les unes que les autres !
Conte moderne et féministe, My Love Affair With Marriage représente et s’adresse aux nouvelles générations et pourrait bien supplanter les légendes d’antan. À découvrir en salle, dès le 7 juin !
