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    Un thriller haletant sur fond de complot au sein des institutions européennes : rencontre avec l’équipe d’Une Affaire de principe
    Isaac Barbat
    Isaac Barbat
    -Rédacteur ciné-séries
    Biberonné aux films de genre dès son plus jeune âge, amoureux des monstres et de l'hémoglobine, ses excursions cinématographiques le mènent parfois jusqu'à Truffaut ou Duvivier… pour son plus grand plaisir !

    Récompensé d’un César pour son rôle dans La Nuit du 12, Bouli Lanners est à nouveau à l’affiche d’un thriller adapté de faits réels. Pour la sortie en salle le 1er mai d’Une Affaire de principe, AlloCiné a rencontré l’équipe du film.

    L’un des plus grands scandales politiques du siècle adapté au cinéma

    Bruxelles, 2012. Quand le commissaire à la santé publique est limogé du jour au lendemain dans la plus grande opacité, le député européen José Bové (Bouli Lanners) et ses assistants parlementaires (Thomas VDB et Céleste Brunnquell) décident de mener l’enquête.

    Copyright Pascal Chantier

    Ils vont alors découvrir un véritable complot menaçant de déstabiliser les instances européennes, jusqu’à leur sommet. Tiré de faits réels.

    Une affaire de principe
    Une affaire de principe
    Sortie : 1 mai 2024 | 1h 35min
    De Antoine Raimbault
    Avec Bouli Lanners, Thomas VDB, Céleste Brunnquell
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    3,8
    Séances (667)

    Adapté de Hold-up à Bruxelles, les lobbies au cœur de l’Europe de José Bové, en collaboration avec Gilles Luneau (© éditions La Découverte, 2015), Une Affaire de principe est à découvrir dès maintenant en salle. À cette occasion, AlloCiné a pu rencontrer Bouli Lanners, Thomas VDB et le réalisateur Antoine Raimbault. Retour sur la création d’un thriller haletant, adapté d’un scandale bien réel.

    Pourquoi avoir choisi cette affaire en particulier comme point de départ d’Une Affaire de principe ?

    Antoine Raimbault : Au départ, c’est un désir de cinéma. Je voulais faire un thriller contemporain, sur ce sujet des lobbies. Je suis tombé sur cette affaire et il me semblait qu’elle concentrait énormément d’ingrédients propices au thriller, avec une dimension européenne qui n’était pas prévue au départ. Le fait que José Bové, véritable personnage de cinéma, soit allé au secours d’un opposant politique pour une question de droits et de principes m’a ému et touché. Institutions, personnages, thèmes… Tout s’est aligné devant moi.

    Quelles ont été vos inspirations cinématographiques ?

    Antoine Raimbault : Il y a peu de précédents se déroulant dans un cadre européen. Il y en a un sur la dette grecque, Adults in the Room de Costa-Gavras, mais qui se passe plutôt du côté de la Commission Européenne et que je n’ai pas regardé. Au-delà des références, je voulais m’approcher de cette typologie de films où l’on ne comprend pas tout, mais où l’on accepte de se laisser emmener par l’intrigue.

    De nombreuses langues et nationalités se croisent au Parlement européen, et donc dans le film. Comment travaille-t-on de concert pour tous se comprendre, sur un tournage comme en politique ?

    Antoine Raimbault : Au Parlement, les gens ne parlent pas vraiment anglais, mais “globish”, un anglais approximatif que tout le monde comprend. Mon slogan était donc “Venez comme vous êtes”, c’était très bien que les acteurs aient chacun leur accent. Je tenais juste à ce que Clémence, le personnage joué par Céleste Brunnquell, soit meilleure que les autres en anglais. Mais elle ne l’était pas, donc elle a dû bosser !

    Bouli Lanners : Thomas et moi avons dû travailler pour parler un anglais mauvais, ce qui était très difficile puisque nous avons quand même un high level ! (rires) Il fallait faire gaffe à ne pas parler trop bien.

    Thomas VDB : Je pense que José Bové parle mieux anglais que nous ! Il a grandi aux États-Unis.

    Bouli Lanners : Oui, il a un vocabulaire parfait… mais un gros accent !

    Comment travaille-t-on avec une personnalité encore vivante et dans l’actualité pour l’incarner à l’écran ?

    Bouli Lanners : J’ai rencontré José et regardé beaucoup de reportages pour voir sa manière de parler, avec ses collègues notamment. Je voulais le voir en pleine action. José Bové, c’est aussi une silhouette : sa moustache, son nez, ses cheveux… Ce qui me faisait peur, c’est que j’étais plus gros à l’époque. Je faisais une fixette là-dessus. Mais dans l’inconscient des gens, son caractère est forcément associé à un mec costaud, donc ça m’a rassuré. Mais ce n’est pas un biopic et je ne suis pas Daniel Day-Lewis, donc la performance ne doit pas venir que de la ressemblance à José Bové.

    Copyright Pascal Chantier

    Thomas, votre personnage est très librement inspiré d’une personne réelle. Quelles distances avez-vous pris avec la réalité ?

    Thomas VDB : Dans le film, mon personnage ne fait pas gaffe à comment il s’habille… ce n’était donc pas un rôle de composition pour moi ! (rires) C’est la première fois que je rencontrais la personne que j’allais incarner. Nous avons fait le choix de lui inventer une histoire personnelle pour lui donner une évolution : au début du film, Fabrice a complètement envie d’arrêter la politique. Mais le personnage de Lisa Loven Kongsli, une ancienne copine qu’il va recroiser, va le motiver à se replonger dans cette enquête. Mais ce n’est pas vraiment arrivé à Jean-Marc, le vrai assistant parlementaire de José Bové, qui travaille d’ailleurs toujours au Parlement Européen.

    Vous êtes plutôt connu dans un registre comique. Qu’est-ce qui vous a convaincu d’opérer un virage dramatique pour ce film en particulier ?

    Thomas VDB : Antoine m’a vu dans Claire Andrieux, d’Olivier Jahan, le premier film de non-comédie dans lequel j’ai joué, et m’a contacté. Quand on me propose un film avec autant de qualités qu’Une Affaire de principe, je suis le premier à me rendre disponible, comédie ou non !

    Les éléments de comédie sont cela dit nombreux dans le film. Était-ce pour désamorcer la tension ?

    Antoine Raimbault : Au départ, j’imaginais un film à l’américaine, plus sérieux. Cette légèreté est en fait venue de notre rencontre avec José Bové et son assistant, Jean-Marc, qui sont très drôles et qui prennent leur pied à se bagarrer. Bouli et Thomas ont su attraper ça. Il y a du plaisir, et c’était très important.

    Thomas VDB : Cette note de légèreté était très importante dans le trio. Antoine voulait qu’on ait cette espièglerie, dans un contexte bureaucratique et sérieux. On entend le public se marrer en projection, c’est fou de se dire que le but est atteint.

    L’intrigue, très politique, peut sembler opaque. Comment vous êtes vous préparés pour incarner des experts d’un domaine aussi pointu ?

    Antoine Raimbault : De l’écriture à la post-production, notre objectif était d’assumer la densité du sujet sans faire “L’Europe pour les nuls”. Nous avions beaucoup de discussions sur le fond du sujet, sur l’affaire, pour la comprendre. Mais il fallait raboter à chaque séquence pour aller à l’essentiel. Il ne fallait pas que ça devienne de l’inconfort pour les spectateurs, et la frontière entre “accepter de ne pas comprendre certains éléments mais se laisser porter par l’intrigue” et “ne rien comprendre” est très ténue. Ma référence sur le sujet, c’est la série Urgences. Je ne suis pas médecin, je ne comprends pas 95% des termes, mais ça ne m’empêche pas de comprendre et d’accrocher.

    Bouli Lanners : Les gens me demandent plein de trucs sur les institutions européennes maintenant, j’essaye de dévier la conversion ! (rires)

    Copyright Pascal Chantier

    Comment avez-vous vécu de tourner dans ces institutions politiques ? Cela vous a-t-il donné envie de vous engager ?

    Bouli Lanners : De voter, déjà ! Mais à condition de ne plus remettre les pieds à la Commission Européenne de Bruxelles, qui est un vrai purgatoire.

    Thomas VDB : Prendre trois ascenseurs et faire un kilomètre de marche pour aller du bureau à la cantine… On était complètement perdus !

    Bouli Lanners : Par contre, ces endroits qui ne sont pas vraiment sexy ont quand même de la gueule dans le film !

    Antoine Raimbault : Oui, mais les institutions nous ont donné du temps et des moyens humains pour nous accompagner et nous guider. Elles ont joué le jeu et ont été totalement transparentes. Elles ont compris l’enjeu de laisser entrer la fiction, et c’est une très bonne nouvelle !

    Propos recueillis pour AlloCiné par Isaac Barbat.

    Une Affaire de principe, adapté de faits réels par Arthur Raimbault avec Bouli Lanners, Thomas VDB et Céleste Brunnquell, est à découvrir au cinéma dès le 1er mai.

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